Résumé :
Au Bénin, les mangroves sont naturellement incrustées dans les zones humides du site Ramsar 1017, autrement appelé complexe Ouest. Le site Ramsar 1017 fait partie intégrante des zones humides d’importance nationale et internationale enregistrées par le Bénin suite à l’adoption de la Convention Ramsar en 1999 (Sinsin et al., 2018 ; Padonou et al., 2021). Les objectifs de la convention ont évolué dans le temps, passant de l’utilisation et la conservation de l’habitat des oiseaux des zones humides à la conservation intégrale de la diversité biologique et l’épanouissement des humains (Houessou et al., 2021 ; Padonou et al., 2021). Depuis l’adoption de la convention, le site Ramsar 1017 a bénéficié de nombreux projets et programmes visant la restauration, la conservation et l’utilisation durable des zones humides, notamment les mangroves (Sinsin et al., 2018 ; Padonou et al., 2021). Les actions de conservation ont entre autres conduit à la création de l’Aire Communautaire de Conservation de la Biodiversité (ACCB) Togbin-Adounkô qui confère aux mangroves, un statut d’écosystème intégralement protégé (Houessou et al., 2021).
De nombreuses études ont été entreprises pour évaluer les impacts de la Convention Ramsar et des projets associés sur l’état de conservation des mangroves du site Ramsar 1017. Par exemple, Sinsin et al. (2018) et Zanvo et al. (2021) ont rapporté des informations sur la composition floristique, la structure et la régénération naturelle des mangroves pendant que Padonou et al. (2021) soulignaient l’effet positif de la convention sur la couverture des mangroves. Toutefois, les informations sur l’état de conservation de la forêt naturelle de mangrove de l’ACCB Togbin-Adounkô sont très limitées, voire indisponibles. Récemment, Houessou et al. (2021) ont rapporté que malgré les politiques de gestion durale, la mangrove de l’ACCB Togbin-Adounkô demeure sous pressions anthropiques. Pour ces auteurs, cet état de chose constitue un challenge fondamental pour la sauvegarde des ressources et les services qu’elle fournit. Au regard de ce qui précède, il urge de développer des stratégies nécessaires pour le monitoring, la valorisation et la gestion durable de cet écosystème. Les défis de conservation, de monitoring et de valorisation des écosystèmes forestiers nécessitent une bonne connaissance sur la diversité biologique, la structure et le potentiel de régénération des espèces (Sokpon, 1995 ; Dossou et al., 2012a ; Sinsin et al., 2018). La connaissance de la biodiversité constitue un capital essentiel pour un aménagement adéquat et la conservation des mangroves (Wah et al., 2011 ; Azyleah et al., 2014 ; Sinsin et al., 2018). La structure des populations d’espèces renseigne sur le niveau d’anthropisation et de stabilité des mangroves (Zanvo et al., 2021). La régénération assure le renouvellement des individus et le maintien de la biodiversité dans les formations végétales tropicales (Douh, 2018). Pour Mchenga et Ali (2014), la végétation des mangroves se renouvelle généralement à travers un processus de régénération naturelle. Les mêmes auteurs ont rapporté que le succès de ce processus est parfois entravé par des facteurs liés aux conditions du sol, la pollution, la compétition et autres. Dans ces cas, les plantations sont utilisées comme moyens alternatifs (Ferreira et al., 2015). Dès lors, l’évaluation du potentiel de régénération naturelle permettra de disposer des informations scientifiques sur l’autosuffisance de la mangrove vis-à-vis du renouvellement de la végétation ou si elle nécessite des interventions anthropiques. De plus, pour l’émergence des mécanismes “EBA” (Ecosystem-Based Adaptation en anglais), “CDM” (Clean Development Mechanism) et REDD+ (réduction des émissions dues à la déforestation et la dégradation) dans la lutte contre le changement climatique, la disposition des données actualisées sur le stock de carbone des mangroves est une préoccupation majeure, soulignent Pramova et al. (2012) et Ajonina et al. (2014). Par ailleurs, la détermination du stock de carbone des mangroves pourrait également contribuer à la réduction de la vulnérabilité des habitants des régions côtières aux effets néfastes du changement climatique (Donato et al., 2011). A ce titre, cette étude s’avère indispensable pour apprécier les efforts de conservation de la mangrove de l’ACCB Togbin-Adounkô et aussi mettre en relief sa contribution à la mitigation du changement climatique. Les objectifs étaient : évaluer la diversité floristique et ligneuse de la mangrove ; caractériser la structure des populations d’espèces ; évaluer le potentiel de régénération naturelle des espèces ligneuses et quantifier le stock de carbone.